Memento mori

 

Cet espace est autre, un ailleurs indéfini.

La lumière, filtrée par des carreaux encrassés, se joue de l’ombre.

Les murs en béton résonnent d’échos mutiques.

Les objets s'exposent incongrument abandonnés comme après un départ précipité.

Ici, des cartons, encombrés d’archives, s’amoncèlent contre le mur.

Là, des livres de compte s’empilent dans un équilibre précaire.

Les bureaux nous accueillent pour un négoce fictif

et des rouleaux de caisse, tels des serpentins, déroulent leurs additions obsolètes.

Plus loin, des lits s’alignent dans un garde-à-vous illusoire.

Des engins d’un autre temps ont trouvé refuge sous les citernes.

Dans un appentis, les outils s’entassent sans ménagement.

Sur le haut de cuves béantes, des tuyaux se rassemblent entremêlés.

L’ordinaire du quotidien dévoile une intimité déplacée.

 

Derniers vestiges d’une activité interrompue,

Capturés Quelque part au bord de l’effacement.

 

Au-delà de l’intérêt mémoriel,

cette errance photographique dans ce lieu qui n’est plus,

renvoie au caractère transitoire de toute œuvre humaine.