Ombré

 

Qui es-tu Ombré ?

 

Pris dans la tourmente de l’histoire,

immigré espagnol, tu as fui une première fois pour t’établir ici.

Ouvrier agricole, tu as loué ta force de travail selon les saisons, des vendanges au foin en passant par la coupe du bois.

Un refuge de labeur simple et dur avec pour seul repos la solitude.

Le passé t’a sans doute rattrapé, tu as disparu, Ombré… En 1942.

Depuis, en ce lieu abandonné, chaque détail intime de ton quotidien surgit figé dans la poussière, l’usure et la crasse.

 

Surtout,  il fallait passer inaperçu aux yeux d’un monde déboussolé.

A chaque jour suffisait sa tâche.

Seul le moment présent comptait, hier était déjà oublié et demain n’avait aucune importance.

Chaque ustensile, chaque meuble marquent ton empreinte.

Tu étais là,

à te chauffer près de la cheminée,

à t’éclairer à la lueur falote d’une ampoule anémiée,

tel un fantôme, sans bruit.

 

Qui es-tu Ombré ?

Tu as signé ton passage à la craie,

je n’ai pas l’impression de te connaître…

 

et pourtant il me semble t’avoir rencontré.